8C_380/2012 (f) du 02.05.2013 – Evaluation du degré d’invalidité dans les cas spéciaux – 28 al. 1 OLAA / Accident lors d’un apprentissage de laborantin en chimie et souhait (non réalisé) de l’assuré de devenir policier / Simples déclarations d’intention de l’assuré

Arrêt du Tribunal fédéral 8C_380/2012 (f) du 02.05.2013

 

Consultable ici : http://bit.ly/20jIKSO

 

Evaluation du degré d’invalidité dans les cas spéciaux – 28 al. 1 OLAA

Accident lors d’un apprentissage de laborantin en chimie et souhait (non réalisé) de l’assuré de devenir policier

Simples déclarations d’intention de l’assuré

 

Faits

Assuré, né en 1988, ayant débuté un apprentissage de laborantin à l’Etat de Genève le 01.09.2005, victime d’un accident de la voie publique le 12.05.2006. La CNA, qui a pris le cas en charge, lui a alloué une IPAI de 28%, par décision du 01.09.2009.

Le 01.10.2009, il a obtenu son certificat fédéral de capacité (CFC) de laborantin en chimie; depuis le 15.11.2010, il travaille au service de l’entreprise X. pour un salaire mensuel de 4’800 fr.

L’assuré demande, le 20.09.2010, qu’il a été déclaré inapte au service militaire et qu’il a dû renoncer à la carrière de policier à laquelle il se destinait après son apprentissage de laborantin en chimie, en raison des séquelles de l’accident survenu en 2006. Il a demandé à la CNA d’évaluer son invalidité et de fixer sa rente en fonction du revenu qu’il aurait pu obtenir en qualité de policier.

Le 29.09.2010, la CNA a répondu à l’assuré qu’il suivait son apprentissage de laborantin en chimie au moment de l’accident, qu’il avait pu achever cette formation et qu’il travaillait normalement dans ce domaine depuis l’obtention de son CFC, si bien qu’aucune perte de gain ne pouvait être retenue.

 

Evaluation du degré d’invalidité dans les cas spéciaux – 28 al. 1 OLAA

Si l’assuré est invalide (art. 8 LPGA) à 10% au moins par suite d’un accident, il a droit à une rente d’invalidité (art. 18 al. 1 LAA). Pour évaluer le taux d’invalidité, le revenu que l’assuré aurait pu obtenir s’il n’était pas invalide est comparé avec celui qu’il pourrait obtenir en exerçant l’activité qui peut raisonnablement être exigée de lui après les traitements et les mesures de réadaptation, sur un marché du travail équilibré (art. 16 LPGA). Le Conseil fédéral règle l’évaluation du degré de l’invalidité dans des cas spéciaux. Il peut à cette occasion déroger à l’art. 16 LPGA (art. 18 al. 2 LAA). Faisant usage de cette délégation de compétence, le Conseil fédéral a adopté l’art. 28 al. 1 OLAA; d’après cette disposition réglementaire, si une invalidité consécutive à un accident couvert par l’assurance a empêché l’assuré soit d’entreprendre une formation professionnelle dont il prouve qu’elle était envisagée et conforme à ses aptitudes, soit d’achever une formation en cours, le revenu déterminant pour l’évaluation de l’invalidité est celui que l’assuré aurait pu réaliser dans la profession considérée s’il n’était pas invalide.

Selon la jurisprudence, le revenu que pourrait réaliser l’assuré sans invalidité est en principe établi sans prendre en considération les possibilités théoriques de développement professionnel ou d’avancement, à moins que des indices concrets rendent très vraisemblable qu’elles se seraient réalisées. Cela pourra être le cas lorsque l’employeur a laissé entrevoir une telle perspective d’avancement ou a donné des assurances dans ce sens. En revanche, de simples déclarations d’intention de l’assuré ne suffisent pas; l’intention de progresser sur le plan professionnel doit s’être manifestée par des étapes concrètes, telles que la fréquentation d’un cours, le début d’études ou la passation d’examens (arrêts 8C_839/2010 du 22 décembre 2010 consid. 2.2.2.2, 8C_938/2009 du 23 septembre 2010 consid. 6.2, 8C_530+533/2009 du 1er décembre 2009 consid. 7.2). Ces principes s’appliquent aussi dans le cas de jeunes assurés (arrêt 8C_550+677/2009 du 12 novembre 2009, in SVR 2010 UV n° 13 p. 52 consid. 4.2). Le point de savoir si le salaire réel aurait augmenté grâce à un développement des capacités professionnelles individuelles, notamment un changement de profession, doit être établi au degré de la vraisemblance prépondérante (arrêt U 87/05 du 13 septembre 2005, in RAMA 2006 no U 568 p. 67 consid. 2; arrêt U 110/92 du 2 avril 1993, in RAMA 1993 n° U 168 p. 101 consid. 3b).

 

TF

L’assuré avait fait part à plusieurs personnes de son intention de devenir policier, qu’il avait pris des renseignements au sujet de ce métier, fréquenté les journées portes ouvertes, et suivi des cours de tir et de karaté. Ces éléments permettent uniquement de déduire qu’il avait manifesté son intérêt pour cette voie professionnelle. Il s’agit ainsi de simples déclarations d’intention, insuffisantes à elles seules pour que l’on puisse admettre, au degré de la vraisemblance prépondérante, que leur auteur entendait progresser sur le plan professionnel et devenir policier après avoir mené à chef sa formation de laborantin en chimie. En effet, les intentions de l’assuré n’ont pas été suivies d’étapes concrètes, telles que la fréquentation d’un cours, le début d’études ou la passation d’examens, ainsi que la jurisprudence le requiert clairement.

 

 

Arrêt 8C_380/2012 consultable ici : http://bit.ly/20jIKSO

 

 

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